Nous entendons beaucoup parler de positif et de négatif dans la presse. A l’heure où la pensée et les slogans positifs fusent, parfois de façon excessive, voilà maintenant un « éloge » aux émotions désagréables !
En sophrologie, nous n’ignorons pas la dimension négative, car elle fait partie de la vie même. Simplement, « nous mettons le positif en avant », au lieu de vivre dans un nuage positif car de temps en temps, la réalité est toute autre.
Tirer le positif… du négatif
Dans cette quête du mieux-être, il est désormais établi que certaines émotions négatives ou désagréables ont, elles-mêmes, un impact positif sur nous-mêmes.
Le positif serait ce qui nous fait du bien, ce qui est bon pour nous et nous mobilise dans la vie : “des personnes vitamines”, des actes, des pensées constructives, des attentions, etc.
Le négatif est ce qui, à l’inverse, nous démobilise, nous perturbe, nous irrite, ou qui nous fait du mal.
« Souvent, ce sont à ces moments là, l’occasion de changer ou de grandir »
Évidemment, nous préférons vivre dans un monde sans contrariété, mais voilà, la vie est comme la météo : parfois il y a le soleil radieux, la lumière, la douceur de la chaleur et parfois il y a la pluie, la fraîcheur, le mouvement du vent et, par intermittence, nous traversons même des zones de turbulences et des zones sombres d’ incommodité.
Souvent, ce sont à ces moments là, l’occasion de changer ou de grandir. C’est un moyen d’exploiter le négatif pour devenir plus fort ou pour apprendre l’art de la résilience.
D’abord, il faut reconnaître que l’essence même de la vie est une alternance d’événements heureux et malheureux, des sentiments positifs et négatifs comme « des dualités complémentaires ».
Tout, dans la vie, est donc intermittent. La philosophie bouddhiste parle de « l’impermanence de toute chose ». En fait, tout ce qui sert à la vie nous est offert en double ou, plutôt, de façon dichotomique (du grec : couper en deux). Par exemple, le cycle nuit/jour, la force/la douceur, l’inspiration/l’expiration, le cerveau avec ses deux hémisphères, etc. Et il en va de même avec le malheur et le bonheur.
Se concentrer sur ce qui est en notre pouvoir
La philosophie du stoïcisme nous invite à « concentrer nos efforts sur ce qui est en notre pouvoir (à savoir nos pensées, nos actions, nos attitudes et nos valeurs) et à accepter les éléments extérieurs sur lesquels nous ne pouvons pas agir». Comprendre, nous permet de nous recentrer sur les solutions. Enfin, tirer avantage des situations négatives pour rebondir, se mettre en mouvement, rétablir l’équilibre et apprécier plus tard les moments de bonheur. Être positif est subjectif, car le bonheur est un état d’esprit relatif.
Ne pas céder aux injonctions
Rester positif est une injonction récurrente de nos jours, comme celle d’être calme, d’où le sentiment d’inconfort et d’échec de nombreuses personnes qui ne « réussissent » pas à rester positifs, zen en toutes circonstances, mais qui le pourraient, à moins de se mentir, de faire semblant ? « Il faut rester positif, il faut garder le moral ». L’injonction est tellement forte que j’ai vu des patients s’en vouloir d’être angoissés, s’en vouloir de craquer, de ne pas être « forts ». Puis se sentir coupable, se rajouter de la pression et de l’anxiété.
Sachez que nous avons le droit de manifester nos émotions, que nous avons le droit de ne pas pouvoir être positif en permanence. Nous pouvons également laisser s’exprimer notre part de vulnérabilité du simple fait que toutes les émotions ont une place de légitimité dans notre corps et dans notre esprit, nous permettant de nous sentir vivant.
Les “émotions négatives” comme moyen de transformation profond
Dans un ouvrage consacré aux émotions positives, Barbara L. Frederickson (neuropsychologue) démontra qu’une existence véritablement heureuse est généralement constituée de trois quarts de « positivité » et d’un quart de« négativité ».
Les émotions négatives peuvent générer des changements profonds de personnalité, nous permettre de découvrir des potentialités personnelles, des capacités ou des ressources enfouies. Elles peuvent aussi nous engager vers une meilleure ouverture aux autres, au monde et nous faire prendre conscience de la fragilité de la vie et de la fragilité du bonheur.
En revanche, l’abus de négatif est dangereux pour la santé, car il nourrit le biais de négativité, traduit nos besoins bafoués et invite très souvent à l’immobilisme et l’impuissance !
Toutefois, nous savons que les émotions négatives qui nous ramènent à nous-mêmes, à notre intériorité, sont davantage salutaires que celles qui nous en éloignent. Ré-apprenons donc à exprimer nos émotions sans les bloquer, ou les nier.
La lucidité comme source d’équilibre
Accueillons-les pour voir leur utilité, sans forcément les classer en « bonnes » ou « mauvaises », c’est aussi ce que la sophrologie et l’hypnose ericksonienne nous proposent dans un chemin d’exploration de soi, qui nous rend plus souples et plus ouverts.
Un petit pas pour nous et un grand pas pour sortir de la période « tout va mal » et retrouver une situation qui nous rend heureux. Ici sera la clarté, la mise en lumière de quelque chose, la prise de conscience face aux émotions, comme si une boussole pouvait nous orienter.
La lucidité qu’il nous faut, pour faire face aux émotions agréables ou désagréables : il est bien plus important d’être lucide face à la place et au temps que prennent les émotions négatives en nous, car c’est bien là que se joue l’équilibre.
Une invitation à se faire du bien
Un petit rituel : au moment du lever, prendre le temps, et au moment de se laver le visage, se regarder dans les yeux, face au miroir, pour s’offrir un sourire et un message positif.
Ainsi, lorsqu’il nous est juste impossible de faire preuve de volonté ou de se sentir en capacité pour affronter les circonstances difficiles, peut-être pouvons-nous nous rappeler de l’impermanence et de la dichotomie de toute chose que nous offre la vie… en appréciant l’arc-en-ciel juste à la fin de la pluie.
Et quand le soleil revient, profitons encore plus fort des petits bonheurs !